C’est le dada du gouvernement depuis quelques années : comme il est trop difficile de serrer la vis aux compagnies les plus polluantes du pays, diverses politiques ont été lancées un peu partout dans le monde afin d’inciter les consommateurs à mettre l’épaule à la roue. Par exemple, on retrouve les programmes qui promettent des avantages aux conducteurs qui mettent à la casse les vieilles voitures qui produisent trop d’émissions. On souhaite aussi que les propriétaires de maisons fassent des rénovations afin de réduire la facture d’énergie, et donc la pression imposée sur Hydro-Québec et son réseau. Toutefois, ce ne sont pas uniquement les propriétaires résidentiels qui sont visés : on aimerait bien aussi que les gestionnaires d’immeubles de logement prennent action eux aussi.
Est-ce que ça semble fonctionner jusqu’à présent? Pas vraiment, du moins si on se fie à des statistiques parues récemment en France.
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Plan de l'article
Une enquête de l’association Qualitel
Le but de l’enquête était fort simple : voir le niveau d’enthousiasme des propriétaires d’appartements à louer (ou déjà loués) quant à l’annonce d’un plan gouvernemental favorisant les « rénovations thermiques ». Le constat est clair : l’enthousiasme n’est pas débordant.
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En premier lieu, l’enquête mentionne que 93% des propriétaires font attention à la consommation d’énergie au sein de l’immeuble. Ça paraît bon, mais cela ne veut pas dire pour autant qu’ils envisagent des travaux. En fait, 44% des gens interrogés seraient prêts à faire des travaux dans les prochaines années afin de profiter de la nouvelle offre du gouvernement français. Et parmi ceux-ci, à peine la moitié des propriétaires sont en mesure de faire une estimation de ce qu’il leur en coûterait pour passer à l’action! On peut donc dire que l’idée n’est pas tant ancrée dans l’ensemble évoqué des propriétaires.
Le programme est-il suffisamment généreux?
À première vue, le programme du gouvernement serait relativement intéressant. Une subvention pouvant aller jusqu’à 1350 euros pourrait être accordée pour des travaux et près de 500 000 projets par an seraient validés. D’un autre côté, pour les propriétaires qui possèdent de grands immeubles, les dépenses seraient bien plus importantes que la somme annoncée… on peut donc comprendre pourquoi ce seront principalement les ménages qui seront affectés par ce « plan d’urgence pour le logement » et non pas les gestionnaires d’immeubles eux-mêmes.
Les freins à la rénovation énergétique
Malgré les avantages de ce plan de rénovation énergétique, certains propriétaires hésitent encore à se lancer dans des travaux coûteux et chronophages. Effectivement, la rénovation énergétique ne peut s’improviser. Elle demande au préalable une étude approfondie du bâtiment pour déterminer quelles sont les actions à mener en priorité : isolation, changement des fenêtres, installation d’une chaudière performante… Autant d’éléments qui peuvent décourager les propriétaires.
Autre point noir : le manque de professionnels qualifiés pour effectuer les travaux. Les entreprises spécialisées dans la rénovation énergétique ne sont pas légion et leur savoir-faire a un coût non négligeable. Certains artisans peu scrupuleux profitent du manque de connaissances techniques des propriétaires pour leur vendre des prestations n’ayant aucun effet sur la consommation d’énergie.
Même si le gouvernement a mis en place différents dispositifs fiscaux incitatifs (crédit d’impôt transition énergétique ou CITE), ces derniers ne suffisent souvent pas à compenser tous les frais engagés par le propriétaire et beaucoup considèrent que cela reste insuffisant face aux investissements nécessaires.
Dans ce contexte global peu engageant pour la réalisation de travaux ambitieux vis-à-vis de l’environnement, il est urgent que toutes les parties prenantes se concertent afin de trouver des solutions pérennes permettant aux particuliers comme aux gestionnaires immobiliers de bénéficier d’un cadre favorable à l’amélioration thermique de leur bien immobilier.
Comment encourager les propriétaires récalcitrants?
Face à ces obstacles, comment encourager les propriétaires récalcitrants à se lancer dans une démarche éco-responsable ?
Tout d’abord, le gouvernement devrait renforcer son dispositif fiscal incitatif. Effectivement, les avantages fiscaux pourraient être augmentés de manière conséquente et dépasser le plafond actuel.
Il serait intéressant de créer un réseau national de professionnels qualifiés en la matière, capables d’accompagner efficacement les propriétaires tout au long du processus : conseil sur les travaux prioritaires, étude personnalisée des besoins et suivi régulier après la réalisation des travaux.
Afin d’éviter toute forme de fraude ou d’abus concernant les prestations proposées par certains artisans peu scrupuleux, il serait aussi judicieux de mettre en place une certification officielle obligatoire pour tous ceux qui souhaitent pratiquer la rénovation énergétique. Cette certification permettrait non seulement une meilleure protection des consommateurs, mais aussi une amélioration globale des compétences du secteur.
Et c’est probablement le point le plus important, il est fondamental que l’on sensibilise davantage la population quant aux avantages écologiques et économiques qu’il y a derrière ce type d’initiative. Les collectivités locales pourraient par exemple mettre en place des campagnes de communication destinées à informer le grand public sur les différentes solutions existantes en matière de rénovation énergétique. Cela supposerait aussi d’adapter l’éducation dès le plus jeune âge, afin que chacun puisse comprendre et mesurer l’enjeu écologique qui se cache derrière la transition énergétique.
Si ces différents points sont mis en place, cela devrait permettre aux propriétaires de s’engager vers une politique environnementale ambitieuse tout en étant accompagnés et rassurés dans leur démarche.